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Chez Chamo
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28 juin 2011

Petit Chamo Story #5 - L'expulsion

"Mais, je ne vais pas inonder la salle si on perce la poche des eaux ? Ca fait combien de litres ? 3 litres ?" Toujours autant de questions de Cha, mais la sage-femme, toujours aussi pro, répond simplement en souriant : "Non, quand même pas, 500 mL tout au plus..." Je sens une pointe de regrets dans le regard de ma femme qui aurait bien aimé perdre 3 kilos d'un coup de scalpel. On entend un petit pschittt et le liquide atterrit dans une bassine au pied du lit.

Plus tard, la sage-femme propose de faire une répétition de l'expulsion. Ca se précise enfin et nous sort de notre torpeur. Cha demande ce qu'elle doit faire exactement, parce que son cours de préparation à l'accouchement, sur "l'explusion du bébé" justement, avec sa sage-femme était prévu lundi 6. C'est-à-dire demain, en fait. En sport, on parle souvent des "hasards du calendrier", et ce qui nous attend risque d'être sportif justement... 

L'entraînement se passe bien : Cha suit les instructions à la lettre, prend les positions qu'on lui propose, sur le dos, les jambes en l'air posée sur des cales, elle inspire fort, retient son souffle, jusqu'au bout, pousse, maintient. Une fois, deux fois, trois fois. C'est assez impressionnant pour moi, toujours sur ma chaise, qui la voit serrer les dents et changer de couleur. La sage-femme la félicite et nous informe en sortant de la salle qu'on va bientôt pouvoir commencer la phase finale. Ah bon, mais il ne sort pas déjà un peu, là ? Je me pose la question mais n'ose pas demander... Elle me répond indirectement, en demandant si on souhaite toucher le haut du crâne du bébé. On refuse poliment... De mon côté, je ne tiens pas à garder ces détails en mémoire visuelle. Le drap qui recouvre ma femme des hanches aux genous me convient parfaitement.

Cette fois c'est la bonne ! Après quelques minutes, les sages-femmes sont de retour, la titulaire, la remplaçante, avec blouses, charlottes, gants et masques. Tout de suite la pression monte. Les costumes ça donne le ton. Avec elles, l'interne stagiaire dont nous avons à peine entendu la voix et une femme, la cinquantaine, que nous n'avions pas encore rencontré, se présentant comme l'aide-soignante qui prendra en charge notre bébé. Les contractions sont de retour, violentes. Cha nous prévient de leurs arrivées et se cambre à chaque fois, on croirait voir une rafale la traverser de la tête au bas-ventre. Elle répète l'enchaînement vu à l'entraînement : inspiration-poussée-maintient, comme si sa vie en dépendait. Ses mains se cramponnent aux miennes, aux poignées du lit, ses doigts blanchissent sous l'effort, les miens deviennent bleus. Ses dents serrées pourraient broyer tout le matériel médical de la salle. Son regard est fixé droit devant, sa tête bascule d'avant en arrière, l'aide-soignante lui soutient la nuque, je prends le relai. Les sages-femmes lui répètent inlassablement : "C'est bien ! Voilà ! Comme ça ! Allez madame, c'est super ce que vous faites ! Là vous êtes efficace !" Je ne sais même pas si elle entend leurs voix, ni la mienne qui lui répète leurs conseils tout doucement. Cha a quand même droit a un bref repos de quelques secondes entre chaque série de trois poussées, avant que la contraction suivante ne remette tout le monde au travail.

Le temps file, les vingt minutes que l'on vient de passer ont comme disparu dans la tension. Mais Cha est à bout. Elle commence à parler, à dire qu'elle en a marre, qu'elle n'y arrivera pas... Je me pose moi aussi des questions. Pourquoi ça n'a pas l'air d'avancer ? Je les entend murmurer entre elles qu'il n'est pas très bien engagé. Entre-temps, une autre sage-femme est entrée dans la salle pour mesurer la tension du bébé, pour voir s'il ne faiblit pas. On dirait qu'elles nous mènent en bateau, avec leurs "Courage, encore un effort, vous y êtes presque..." Cha : "Non, je veux plus, je veux rentrer chez moi..." "Euh, ce n'est pas possible Madame, allez, une dernière poussée !" Elle s'exécute faiblement, en gémissant qu'elle n'y arrive pas. "Mais si, regardez, il est là, votre bébé..."

 

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Commentaires
M
çà me rappelle vaguement quelquechose!!!!poune
K
Alors là... c'est du sadisme... nous laisser là... pile au moment crucial !
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